La culpabilité allemande toujours d'actualité
Faut-il avoir peur du retour des néonazis ?
Le ministre de l'Intérieur allemand, Wolfgang Schäuble, a interdit hier deux associations d'extrême droite qui soutenaient des thèses révisionnistes. Les deux associations prônaient clairement l'antisémitisme, niaient l'existence de la Schoah et faisaient l'apologie du IIIe Reich dans le texte même de leurs statuts. Cette interdiction, finalement assez banale en soi, a réveillé les vieux démons du nazisme. Toute la presse allemande a fleuri d'articles sur le thème : des articles effrayants, présageant sur un ton apocalyptique le retour du vote d'extrême droite ; des articles ambitieux, s'interrogeant sur une interdiction du parti d'extrême droite, le NPD.
Je ne critique pas l'affairement singulier de la presse autour de ces associations néonazies. Je ne cherche pas non plus à remettre en cause le bien-fondé de cette double interdiction. Mais je ne peux m'empêcher de penser que les Allemands ne sont toujours pas guéris de la culpabilité qu'ils traînent derrière eux depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis trois générations. Culpabilité d'avoir été à l'origine d'une guerre dévastatrice ; culpabilité d'avoir organisé l'extermination systématique de plus de six millions de Juifs. On sent, aux articles du Süddeutsche Zeitung, du Tageszeitung, du Welt, au discours du ministre de l'Intérieur, que le sujet est toujours extrêmement sensible. On a l'impression que leur "faute" est si lourde à porter qu'ils tentent de l'expier dans un grand déballage médiatique, chaque fois que l'occasion s'en présente.
Sources :
"Richtiges Signal", Tageszeitung
"Bedenklich hohes Wählerpotenzial", Süddeutsche Zeitung
"Schäuble verbietet Nazivereine", Süddeutsche Zeitung
"Schäuble bietet Holocaust-Leugnern die Stirn", Die Welt