Mein Kampf : le dernier tabou allemand ?
Interdire ou "commenter" Mein Kampf ?
Décidément, en 2008, les Allemands n'en ont pas fini de commémorer le début du IIIe Reich... Le débat est relancé sur Arte avec la question qui entoure l'ouvrage résumant l'idéologie hitlérienne : Mein Kampf.
Une précision, tout d'abord : le livre d'Hitler n'est pas formellement interdit en Allemagne. Mais le Land de Bavière a, en son temps, racheté les droits de Mein Kampf à la maison d'édition du parti national-socialiste pour en éviter une utilisation idéologique. Dans les faits, de nombreuses publications et versions électroniques de cet ouvrage maudit circulent dans d'autres pays, même si la Bavière tente farouchement de s'y opposer.
D'après l'historien Horst Möller interrogé sur Arte, le vrai problème n'est pas historique, il est politique : les politiques allemands voudraient interdire ce texte parce que c'est un symbole. Un symbole du IIIe Reich et de la Schoah. Un symbole qui pourrait être réutilisé contre l'Allemagne. En réalité, d'autres textes d'inspiration nazie sont en libre circulation. À commencer par les journaux de Goebbels...
Quand on demande à l'historien quelle solution il envisagerait, il propose d'éditer une version critique de Mein Kampf commentée par des historiens pour éviter que l'ouvrage soit détourné au profit de justifications néonazies ou anti-israéliennes. Ces commentaires, à mon humble avis, seraient tout aussi hypocrites qu'une simple interdiction. En revanche, Horst Möller suggère de démonter le mécanisme des éléments de propagande, de signaler les modifications apportées au texte de 1933 à 1939 et de dévoiler les inspirations idéologiques du texte (Gustave Le Bon, La psychologie des foules : ça vous rappelle quelque chose ?). Si c'est une condition sine qua none pour que les Allemands s'autorisent de nouveau à lire Mein Kampf, alors ma foi, pourquoi pas ?
Source :
Vidéo du débat avec l'historien Horst Möller (directeur de l'Institut d'études contemporaines)
"Les bréviaires de la haine", débat dans Thema sur Arte le 6 mai 2008.