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Luciole Media

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14 mai 2008

Mein Kampf : le dernier tabou allemand ?

Interdire ou "commenter" Mein Kampf ?

MeinKampf

Décidément, en 2008, les Allemands n'en ont pas fini de commémorer le début du IIIe Reich... Le débat est relancé sur Arte avec la question qui entoure l'ouvrage résumant l'idéologie hitlérienne : Mein Kampf.

Une précision, tout d'abord : le livre d'Hitler n'est pas formellement interdit en Allemagne. Mais le Land de Bavière a, en son temps, racheté les droits de Mein Kampf à la maison d'édition du parti national-socialiste pour en éviter une utilisation idéologique. Dans les faits, de nombreuses publications et versions électroniques de cet ouvrage maudit circulent dans d'autres pays, même si la Bavière tente farouchement de s'y opposer.

D'après l'historien Horst Möller interrogé sur Arte, le vrai problème n'est pas historique, il est politique : les politiques allemands voudraient interdire ce texte parce que c'est un symbole. Un symbole du IIIe Reich et de la Schoah. Un symbole qui pourrait être réutilisé contre l'Allemagne. En réalité, d'autres textes d'inspiration nazie sont en libre circulation. À commencer par les journaux de Goebbels...

Quand on demande à l'historien quelle solution il envisagerait, il propose d'éditer une version critique de Mein Kampf commentée par des historiens pour éviter que l'ouvrage soit détourné au profit de justifications néonazies ou anti-israéliennes. Ces commentaires, à mon humble avis, seraient tout aussi hypocrites qu'une simple interdiction. En revanche, Horst Möller suggère de démonter le mécanisme des éléments de propagande, de signaler les modifications apportées au texte de 1933 à 1939 et de dévoiler les inspirations idéologiques du texte (Gustave Le Bon, La psychologie des foules : ça vous rappelle quelque chose ?). Si c'est une condition sine qua none pour que les Allemands s'autorisent de nouveau à lire Mein Kampf, alors ma foi, pourquoi pas ?

Source :
Vidéo du débat avec l'historien Horst Möller (directeur de l'Institut d'études contemporaines)
"Les bréviaires de la haine", débat dans Thema sur Arte le 6 mai 2008.

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13 mai 2008

Pas une minute pour le Dalaï Lama

Gros désaccord entre le peuple et le gouvernement

D'habitude le pays défenseur des peuples opprimés, l'Allemagne est aux abonnés absents quand le Dalaï Lama y fait une apparition. Ce sont avant tout les sociaux-démocrates du SPD qui lui ferment la porte. L'appel du leader spirituel du Tibet lancé au monde démocratique n'a pas eu d'écho en Allemagne. Fâcheuse coïncidence : la Chancelière, Angela Merkel, est justement en Amérique latine pour une semaine. Steinmeier, le ministre des Affaires étrangères SPD, avait déjà refusé de recevoir le Dalaï Lama lors de sa visite de novembre dernier. Quant au Président, Horst Köhler, il invoque lui un agenda trop plein.

Par contre, cette retenue du gouvernement allemand n'est pas bien accueillie par le peuple, qui pend à ses fenêtres des drapeaux tibétains dans tout le pays et manifeste dans les rues aux côtés des expatriés tibétains. Un coup d'œil aux forums des journaux en ligne nous montre
aussi la grogne citoyenne. Mais le gouvernement allemand semble avoir d'excellentes raisons de ne pas vouloir se brouiller avec la Chine...

Source :
"Keine Zeit für den Dalai Lama", Die Zeit

12 mai 2008

L'obsession Hitler

Encore 925 ans d'expiation

En lançant la thématique de la culpabilité allemande, je ne pensais pas tenir une semaine. Mais c'était en oubliant que le IIIe Reich fêtait les 75 ans de son avènement cette année. Je suis tombée, par un parfait hasard, sur l'article d'un Allemand d'origine juive polonaise,
Henryk M. Broder, qui dénonce justement le tapage intellectuel autour du passé nazi de l'Allemagne. Hitler avait auguré un Reich millénaire - les Allemands n'ont donc plus que 925 ans pour purger leur faute, annonce Broder.

Il est vrai qu'aucun autre personnage historique n'aura fait couler autant d'encre. Osons la comparaison avec la Bible, autre réservoir d'histoires inépuisable : eh bien, on ne tourne pas un film sur la Bible toutes les deux semaines ! Dans le monde académique, Hitler décroche aussi le pompon, avec les milliers de livres, de thèses et autres travaux de recherche à son sujet. Le scénario Hitler a déjà été réécrit dans toutes ses potentialités : si Hitler avait gagné la guerre, si Hitler n'avait pas été un peintre raté...

Broder s'arrête encore sur la fâcheuse tendance qu'ont les Allemands à vouloir diaboliser Hitler à tout prix. Pour lui, il faut y voir non pas une droiture impitoyable vis-à-vis de leur passé, mais plutôt la recherche de circonstances atténuantes : ce n'est pas un homme ordinaire qui les a galvanisés, c'est un fou, un bourreau, un démon.

Pour Broder, les Allemands n'ont pas reçu de châtiment matériel à la hauteur de leur faute. Il écrit (et je le suis moins sur ce point) que les souffrances des Allemands sur le front russe ou sous les bombardements de Dresde, de Hambourg et de Cologne n'ont pas été suffisantes pour les racheter. Je veux bien qu'on fasse une psychanalyse à contenu chrétien, en comparant la culpabilité allemande avec la culpabilité entretenue notamment par l'Eglise catholique. Mais de là à justifier les bombardements des alliés sur des villes allemandes remplies de civils, il y a un pas à ne pas franchir.

Je crois toutefois que Broder s'en limitait à un parallèle symbolique avec la faute originelle. Dans ce sens, il n'aurait pas tout à fait tort : la culpabilité qui pèse aujourd'hui encore sur le peuple allemand est une malédiction prométhéenne dans toute sa splendeur. La peine n'étant pas complètement expiée, le coupable est condamné à ne jamais trouver le repos éternel.

Source :
"Pourquoi les Allemands n'en ont pas fini avec Hitler", Henryk M. Broder, Courrier International n° 912 du 24 au 29 avril 2008 (traduit du Spiegel : "Alles Adolf")

11 mai 2008

Contre une immigration à deux vitesses

Les connaissances linguistiques : condition pour le regroupement familial

Le SPD (parti socialiste allemand) et l'opposition à la "grande coalition" ont demandé vendredi au Bundestag d'alléger de nouveau les conditions posées au regroupement conjugal. Une des conditions remise en question est le niveau de connaissances exigé en allemand.

Le problème de cette règle raisonnable en apparence ? Elle ne s'applique pas à tous. Les immigrés en provenance de pays de l'Union européenne, des États-Unis, du Japon ou d'Australie ne sont pas soumis comme les autres à un test du Goethe Institut. Deux poids, deux mesures ?

Mais une injustice ne vient jamais seule. Comme l'a fait remarquer une des membres du SPD,
dans certains pays, il n'est tout simplement pas possible d'apprendre l'allemand. Ce ne sont certainement pas les pays exemptés de cette obligation, mais plutôt l'Irak, le Honduras ou Cuba.

Il n'y a absolument pas de honte à imposer l'apprentissage de l'allemand pour une meilleure intégration des étrangers. Toutefois, cette exception politiquement incorrecte nous interroge : les Allemands n'en seraient-ils pas encore à une "politique des trois cercles", comme l'a exercée la Suisse dans les années 1980-90 ? Le message de cette politique migratoire : plus l'on vient d'un pays lointain, moins on aurait de chances de s'intégrer. Autrement dit, on ne se méfie plus forcément des étrangers, mais toujours des étrangers du "Tiers-Monde". Finalement, l'expression s'emploie toujours très bien.

Source :
"Deutsch zu schwer", TAZ

10 mai 2008

L'autodafé du 10 mai

Les Allemands rattrapés par un passé brûlant

Ce n'est que le troisième jour que je vous parle de l'actualité allemande, et pourtant, c'est déjà le deuxième sujet en rapport avec la période nazie... L'ironie de l'actualité : à deux jours du 8 mai, fête de la "victoire" de 1945 en France, les Allemands commémorent le premier autodafé nazi du 10 mai 1933 par un discours présidentiel (voir extraits sur le site du Frankfurter Allgemeine Zeitung). C'est à Berlin que des étudiants ont brûlé pour la première fois les livres interdits par le régime nazi. Parmi eux, des œuvres de Freud, de Remarque, de Marx.

Si le président, Horst Köhler, reconnaît enfin dans son discours que le peuple allemand "a su tirer ses leçons de son histoire", on sent dans ses mots, encore une fois, le terrible poids de la culpabilité. 75 ans après, les Allemands ressentent toujours le besoin de demander pardon pour les crimes passés. Pendant que les Français fêtent avec fierté la fin d'une guerre qu'ils n'ont même pas gagnée. Pendant que les Français taisent les crimes abominables de la guerre d'Algérie.

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9 mai 2008

Les anti-fumée ont le vent en poupe

Vers une disparition des distributeurs de cigarette ?

zigarettenautomaten

Les experts du Conseil national allemand pour la lutte contre les drogues et la prévention des dépendances viennent de présenter un plan d'action contre la fumée au ministère de la santé. Le plan d'action prévoit entre autres mesures des restrictions publicitaires et l'interdiction des distributeurs de cigarettes.

Après l'Irlande, l'Italie, la France, l'Allemagne s'engage enfin sur la même voie que ses voisins européens. Alors que Genève s'apprête à appliquer l'interdiction de fumer dans les lieux publics, quatorze Länder s'emploient déjà à faire respecter cette loi.

L'augmentation des taxes sur les cigarettes était déjà une mesure courante outre-Rhin. On pouvait néanmoins se demander quel était l'impact de cette mesure dans un pays où l'on peut acheter un paquet de cigarettes en ville à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Des distributeurs de cigarettes dans la rue. Une aberration pour une Française qui débarque en Allemagne. Comment surveiller l'âge des jeunes qui achètent des cigarettes ? Il semblerait que la question devienne trop dérangeante pour les Allemands aussi.
 

Sources :
"Zigarettenautomaten sollen verboten werden", Die Welt
"Tabaksteuer rauf, Zigarettenautomaten weg", Bildzeitung

8 mai 2008

La culpabilité allemande toujours d'actualité

Faut-il avoir peur du retour des néonazis ?

WSchaeubleInnenminister (Reuters)

Le ministre de l'Intérieur allemand, Wolfgang Schäuble, a interdit hier deux associations d'extrême droite qui soutenaient des thèses révisionnistes. Les deux associations prônaient clairement l'antisémitisme, niaient l'existence de la Schoah et faisaient l'apologie du IIIe Reich dans le texte même de leurs statuts. Cette interdiction, finalement assez banale en soi, a réveillé les vieux démons du nazisme. Toute la presse allemande a fleuri d'articles sur le thème : des articles effrayants, présageant sur un ton apocalyptique le retour du vote d'extrême droite ; des articles ambitieux, s'interrogeant sur une interdiction du parti d'extrême droite, le NPD.

Je ne critique pas l'affairement singulier de la presse autour de ces associations néonazies. Je ne cherche pas non plus à remettre en cause le
bien-fondé de cette double interdiction. Mais je ne peux m'empêcher de penser que les Allemands ne sont toujours pas guéris de la culpabilité qu'ils traînent derrière eux depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis trois générations. Culpabilité d'avoir été à l'origine d'une guerre dévastatrice ; culpabilité d'avoir organisé l'extermination systématique de plus de six millions de Juifs. On sent, aux articles du Süddeutsche Zeitung, du Tageszeitung, du Welt, au discours du ministre de l'Intérieur, que le sujet est toujours extrêmement sensible. On a l'impression que leur "faute" est si lourde à porter qu'ils tentent de l'expier dans un grand déballage médiatique, chaque fois que l'occasion s'en présente.

rechstextremeAP (AP)

Sources :

"Richtiges Signal", Tageszeitung
"Bedenklich hohes Wählerpotenzial", Süddeutsche Zeitung
 
"Schäuble verbietet Nazivereine", Süddeutsche Zeitung
"Schäuble bietet Holocaust-Leugnern die Stirn", Die Welt

8 mai 2008

Moi - je - I - yo - ich, etc.

Qui suis-je ? Question si simple, mais si essentielle qu'on peut y répondre en un mot comme en une vie. On bascule rapidement dans la philosophie de bas étage ou dans la déclinaison de son identité.

Bon, je vais tout de même esquisser un autoportait égocentrique destiné aux lecteurs qui auraient échoué sur ce blog et qui voudraient savoir qui leur parle. Qui parle ? Lucile, étudiante de master en Sciences de l'information, de la communication et des médias à l'Université de Genève. J'avais la ferme intention de ne jamais me lancer dans l'exercice narcissique d'un blog, qui finirait par flétrir, tomber en friche et encombrer les moteurs de recherche. Par souci écologique. Mais c'est devenu un exercice obligatoire dans le cadre d'un de nos cours sur la presse.

Je préciserais peut-être, à l'intention des lecteurs qui auraient eu la malchance de tomber sur cette page sans beaucoup de sens, que j'ai un certain intérêt pour l'Allemagne. J'étais au lycée international de Grenoble, en section allemand. En seconde (trois ans avant le bac pour mes collègues suisses...), je suis partie quatre mois au lycée à Berlin. Une expérience inoubliable. Une histoire que mes amis connaissaient déjà par coeur à mon retour. "Oui, on sait, à Berlin, tout est mieux". Puis l'Ecole de traduction, avec un séjour ERASMUS à Leipzig (ex-RDA). Six mois de découverte qui ont définitivement scellé mon attachement à l'Allemagne. Et pourtant, non, je ne suis pas tombée amoureuse d'un Allemand, juste du pays...

Ne soyez donc pas trop surpris si, aujourd'hui, je suis attentivement l'actualité allemande, et que j'essaie, tant bien que mal, de vous transmettre un peu de la fascination que j'ai pour ce pays mal-aimé, mais si riche et si dévoué.

8 mai 2008

8 mai 2008

Jour férié en France, aujourd'hui, mais pas de l'autre côté de la frontière, de l'autre côté du lac Léman. Genève s'affaire depuis 7 h, ce matin.

On fête en grande pompe la "victoire" du peuple français contre l'oppresseur nazi. Mais peut-on vraiment considérer que les Français ont gagné la Seconde Guerre mondiale ? Pourquoi ne fêterions-nous pas plutôt la fin de la guerre, en signe de réconciliation avec nos voisins européens ?

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